Jessica Blendy 12- Comme un trou dans la téte
Une descente vertigineuse dans les ténèbres de l’âme
Paru en 2000, Jessica Blandy – Comme un trou dans la tête poursuit la longue errance intérieure de l’héroïne la plus tourmentée du polar franco-belge.
Sous la plume acérée de Jean Dufaux et le trait sensuel de Renaud, ce douzième tome plonge une nouvelle fois Jessica dans un univers où le sexe, la manipulation et la mort se confondent.
Entre polar psychologique et drame existentiel, les auteurs signent un récit à la fois dérangeant, troublant et fascinant.
Une journaliste en quête d’oubli
Jessica Blandy, journaliste à la beauté fragile et à l’esprit indomptable, tente d’échapper à ses souvenirs douloureux. Après des années passées à côtoyer le danger et la corruption, elle cherche à se reconstruire, loin du tumulte de la presse et de la violence des hommes.
Mais la paix ne dure jamais longtemps. Lorsqu’une série de meurtres sauvages secoue son entourage, Jessica est rattrapée par le passé. L’enquête qu’elle entreprend la ramène dans un monde qu’elle croyait avoir quitté : celui des désirs troubles, des manipulations et des blessures invisibles.
Très vite, elle comprend que ces crimes ne sont pas qu’une affaire de vengeance ou de jalousie. Ils résonnent comme un miroir de sa propre douleur — celle d’une femme condamnée à revivre éternellement les mêmes tourments.
Le poids des illusions brisées
Comme un trou dans la tête explore la fragilité mentale d’une héroïne qui ne parvient plus à distinguer la frontière entre la raison et la folie.
Jessica avance comme dans un rêve éveillé, hantée par des visages du passé, par des amours perdus, par le souvenir des hommes qui l’ont trahie.
Autour d’elle, les figures masculines oscillent entre prédateurs, victimes ou pantins d’un monde sans repères.
Le titre, ironique et cruel, résume toute l’ambiguïté du récit : une “balle dans la tête” symbolique, celle qui ne tue pas le corps, mais la conscience.
Un récit à la beauté vénéneuse
Jean Dufaux signe ici l’un des scénarios les plus noirs de la série.
Sa plume, à la fois poétique et cruelle, dissèque les pulsions humaines avec une précision chirurgicale.
Il ne cherche ni à justifier ni à condamner : il expose, simplement, la part d’ombre qui sommeille en chacun.
Le dessin de Renaud, d’une élégance glacée, sublime cette tension permanente entre séduction et mort.
Ses cadrages cinématographiques, ses visages marqués par le doute ou le désir, installent une atmosphère d’érotisme sombre et d’inquiétude diffuse.
Chaque planche semble baignée dans une lumière de fin du monde, entre beauté et désespoir.
Entre éros et thanatos
À travers Jessica, Dufaux et Renaud explorent les thèmes universels de la solitude, du pouvoir et de la survie.
Leur héroïne n’est ni une victime ni une héroïne au sens classique : elle incarne la lucidité absolue, cette conscience de la vie comme une succession d’illusions qu’on choisit d’aimer malgré tout.
Le récit devient alors une métaphore : celle d’une balle imaginaire, celle que l’on porte dans la tête quand on a trop vu, trop vécu, trop aimé.
Conclusion
Avec Comme un trou dans la tête, Jean Dufaux et Renaud livrent un épisode d’une intensité rare, où le polar flirte avec la tragédie psychologique.
Plus qu’une enquête, c’est une plongée dans les méandres d’une âme brisée, à la recherche d’un sens dans un monde corrompu.
✨En résumé :
Un récit troublant, sensuel et désespérément humain.
Jessica Blandy – Comme un trou dans la tête est une œuvre hypnotique, où chaque case reflète la beauté fragile et la douleur silencieuse d’une femme en lutte contre elle-même.
Un classique du polar adulte franco-belge, aussi élégant que dérangeant.